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Marion Grébert

Marion Grébert par Alvaro Yanez..jpeg

Texte composé par la lauréate pour la remise des bourses le 17 novembre 2023  

Je dois vous dire que j’ai comme du mal à réaliser que je prends part avec vous à la rencontre qui a lieu ce soir, parce qu’y prendre part signifie que je vais bel et bien aller au bout de l’entreprise d’écriture de mon premier roman, Céleste écarlate. Aller au bout de cette entreprise, c’est ce que vous me faites la grande joie d’encourager avec la bourse que vous m’offrez. 

 

Ce prix arrive pour moi à un moment très particulier. Je suis en train d’achever mon deuxième essai d’esthétique, qui paraître à l’automne 2024. Le premier a paru il y a un an, Traverser l’invisible, aux éditions de l’Atelier contemporain. L’essai est probablement ma forme maîtresse, et cela fait des années, depuis bien avant cette première publication d’octobre 2022, que je me demande comment élaborer une pensée théorique dans une écriture littéraire.

Toute l’année dernière, j’ai eu la chance d’avoir le temps d’entamer ce deuxième livre et d’aller beaucoup plus loin dans ma réflexion à cet égard. C’est une année que j’ai passé à la Villa Médicis à Rome, comme pensionnaire de l’Académie, et pendant ces onze mois petit à petit, j’en suis venue à m’accorder cette chose autour de laquelle je tourne depuis très longtemps : je souhaite consacrer ma vie à l’écriture, je le souhaite depuis l’enfance, et j’ai mis ce temps à y consentir. Cette bourse marque un événement pour moi en ce sens, parce que j’ai été chercheuse jusqu’ici, officiellement (je le reste d’ailleurs profondément, même hors de toute fonction académique), et j’ai été par conséquent déjà lauréate de bourses pour mener à bien mes recherches, mais jamais encore je n’avais sollicité une aide qui soit dans le champ de la littérature. 

 

Je crois que, lorsqu’on décide de s’engager dans l’écriture comme dans l’art, il ne faut pas attendre un assentiment qui viendrait de l’extérieur. Cet assentiment n’est à chercher qu’en soi-même, et ne peut être trouvé qu’en soi-même. Mais régulièrement et surtout en certains moments décisifs de son propre parcours, l’on a besoin d’y être encouragée, et d’y être soutenue, et d’y être aidée aussi matériellement. Vous m’offrez par ce prix cet encouragement, ce soutien, et cette aide. Vous le faites au nom d’Emmanuèle Bernheim, c’est-à-dire pour moi au nom d’une auteur (ou autrice, je ne sais pas ce qu’elle aurait préféré) qui a écrit dans bien des champs : la critique, le roman, le scénario. C’est un prix, dans l’esprit de la femme qui porte son nom, qui a de l’audace dans sa manière d’aller contre la séparation des formes d’écriture. Cette séparation habituelle des formes m’a longtemps pesé, et par ce prix, vous faites qu’elle ne me pèse plus. 

 

Pour tout cela, cher Serge Toubiana, chers membres du jury, je vous remercie, et je vous suis infiniment reconnaissante.

Marion Grébert a publié un premier texte aux Editions L'Atelier Contemporain en 2022.

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